P1080507

 

            Nous sommes de retour au village depuis le 3 octobre, plus d'un mois maintenant, ça fait du bien de retrouver la vie de la brousse, les villageois et le fleuve !

 

P1080508

 

  P1080488

 

            Retours en France.

 

            Mais commençons par le commencement ! Florent et nos deux autres amis sont bien arrivés, à la fin du mois d'août , fatigués de la route (7000 kms!) mais en pleine forme,et avec plein de nouveau matériel, livres, jeux et planches en bois pour faire les étagères de la bibliothèque!

 

            Antoine de son côté s'est rétabli peu à peu en France, une semaine de CHU et deux semaines de convalescence chez les parents à reprendre ses kilos perdus ! Il n'a pas perdu son temps, puisqu'il a profité de sa présence en France pour parler de l'association. Il a rencontré les élus de la ville de Maromme où se trouve le siège social de l'association. Il leur a parlé d'Anim ta Route, de nos actions, de nos projets. Un article a été écrit suite à cet entretien, et publié dans le journal municipal du mois d'octobre. Il est prévu également que l'association pose un stand gratuitement au marché hebdomadaire de la ville dès notre retour. Et enfin il est convenu que nous organiserons des interventions dans les écoles maternelles et primaires de la ville dès que possible.

            En parallèle à tout ça Antoine a lancé des démarches pour obtenir des subventions auprès du ministère de la jeunesse et des sports. Subventions qui nous on été refusées... il y a dix jours, on a dû présenter notre projet au jury par téléphone, ce qui n'est pas l'idéal pour être convaincant,  et visiblement il a considéré que nos projets n'évoluaient pas assez vite, et que nous avons changé d'objectifs puisque que nous nous sommes sédentarisés. On s'est pourtant rendu compte à plusieurs reprises que nous étions allés trop vite sur certains points dans notre vie et nos projets au village, le rythme de vie n'est pas le même qu'en France, la vie quotidienne et les coutumes sont tellement différentes que la route est souvent barrée par des malentendus, des incompréhensions, des jalousies, de l'ignorance mutuelle,etc. Ce serait bien trop bancale d'accélérer nos interventions et nos projets ici,  surtout à seulement cinq personnes, et justement avec si peu de moyens financiers. Et oui, nous nous sommes sédentarisés ici, car notre budget ne nous permettait pas de rester nomades (essence et visas, aïe,aïe aïe...!). De plus c'est un parfait point de chute en Afrique de l'ouest, et nous avons toujours en tête de reprendre la route dès que nous serons plus nombreux et mieux financés, une partie de l'équipe pouvant rester au village de Bingassi, et une autre pouvant partir à la rencontre des associations avec qui nous sommes toujours en contacts dans des pays proches tels que le Sénégal, le Burkina Faso et le Togo.

 

            Nous n'avons donc pas eu de nouvelle subvention. On sait bien de toute façon que les subventions pour des projets sociaux éducatifs et culturels se font de plus en plus rares, cette subvention n'a finalement été attribuée qu'à un seul des autres projets présentés. Mais on ne perd pas espoir, et ça ne nous empêche pas de mener à bien nos projets ici, ça nous limite seulement dans leur développement. Bref, Antoine est  revenu parmis nous mi septembre, ravis de retrouver l'Afrique et plus motivé que jamais à reprendre nos projets associatifs ! Nous nous sommes tous réunis à la fin du mois de septembre, l'équipe au complet, en route vers le village, où nous sommes arrivés le 3 octobre en milieu de journée.

 

 

            Mauvaise surprise au village.

 

            Ça faisait trois mois et demi que Florent était parti, deux mois et demi pour Léa , Antoine et moi, et un mois seulement pour Julien. Il pensait ne partir que quelques jours, mais son séjour à Bamako a du être prolongé. Dans tout ça nous avons donc laissé au terrain le camion de Julien, et celui de Flo, sans se soucier des conséquences que cela pourrait avoir. On ne pensait pas laisser nos affaires seules bien longtemps puisque Julien devait faire un aller-retour à Bamako.

 

DSCN6843

 

DSCN6853

 

 

 

 

 

 

 

           Le village pendant l'hivernage.... envahi par les hautes herbes!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DSCN6849

 

 

P1080516

 

 

P1080517

 

 

 

            Anna sur le terrain, la bibliothèque, le terrain est méconnaissable après deux mois d'hivernage, c'est la jungle!!!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

           Bref, côté mauvaises surprises, nous sommes arrivés au terrain, et là ça a été de coups durs en coups durs. Déjà les herbes avaient poussé à deux mètres de haut pendant l'hivernage, ce que nous n'avions pas du tout envisagé, on n'y voyait donc pas à trois mètres sur le terrain. On n'a pas tout de suite vu ce qu'il s'était passé, mais on s'est bel et bien fait dépouiller ! On a d'abord réalisé que la moto de Flo n'était plus à sa place. On a gardé l'espoir qu'un des villageois l'ai mise de côté, en sécurité. Mais là, bam, plus de panneau solaire, ni sur le camion de Julien, ni sur celui de Flo. Et là on a compris...

            Quelqu'un est venu sur le terrain, a arraché la fenêtre de toit de Julien pour rentrer dans son camion, lui a volé son panneau solaire, ses trois batteries (même celle de démarrage!), le beurre de karité qu'il avait fait pendant l'été, ses lunettes de vue, son auto radio, etc, etc, la liste est trop longue. Et il y avait les doubles des clés du camion de Flo dans le camion de Julien, trop facile ! Le voleur a donc ouvert notre camion avec les clés, tranquillement, il a pris les clés de l'antivol et de démarrage de la moto, et a donc pu prendre la moto (pourtant cachée derrière de gros épineux dans une petite case),  une radio, le panneau solaire bien sûr, le groupe électrogène de l'association qui servait pour le cinéma, etc, etc, et environ 100 euros que Jean,  l'ami président de l'autre association qui œuvre au village m'avait envoyé pour rénover l'école. Super ! Les deux camions avaient été soigneusement refermés, pour que personne ne se rende compte du vol avant notre retour, gagné !

 

            WOW !!! On est devenu fous !!! Une énorme claque dans la figure, comme rarement on avait pu avoir auparavant dans nos vie. Désarrois, rage, colère, tristesse, désemparement se sont enchaînés. Et une sorte de paranoïa au milieu de tout ça. QUI ?? Qui a pu nous faire ça, ici, en pleine brousse, sur notre terrain ??

            On a alerté immédiatement le chef et les anciens du village, le maire, le sous-préfet, et la police qui soit dit-en passant a tellement peu de moyen que ça ne les aide pas à être motivés. On a appris à cette occasion que quand la police se déplace pour une affaire dans ce pays, il faut leur payer l'essence.. on a eu de la chance, ils nous ont épargné! Bakari Sissoko, notre fidèle ami ici, nous a dit que la moto n'était plus garée à l'endroit habituel déjà quatre jours après le départ de Julien, mais il s'est dit que Julien l'avait mise dans les cases de Jean, et il a oublié ça...

            Bref, tout le monde s'est accordé à dire que ça ne pouvait être que quelqu'un qui nous connaît bien qui a fait le coup ou au moins qui a alerté le voleur de notre départ. Et c'est peut être ça le plus dur dans l'affaire, parce qu'aujourd'hui encore on ignore d'où vient la trahison. On a laissé nos familles, nos amis, traversé des centaines de villages, pour finalement venir à Bingassi, y passer tout notre temps, notre énergie et nos économies, tout ça pour ça... !

            Gros coup dur. Première réaction, on s'en va, dès qu'on peut, on s'en va d'ici !!! Puis quelques jours ont passé, on a réfléchi, et on s'est rendu compte qu'on avait une grande part de responsabilité dans ce chaos. Le terrain est à deux cent mètres du village, au milieu des grandes herbes, n'importe qui peut y faire n'importe quoi sans qu'aucun villageois ne le voit ou ne l'entende. On aurait dû payer un gardien pour qu'il surveille le terrain. Mais nous n'aurions jamais pensé qu'on puisse nous voler ici, on y est si heureux, tellement en confiance, complètement naïfs au final. Et en plus on nous avait déjà dit plusieurs fois que les villageois ont peur du fleuve la nuit, à cause des animaux qui le peuplent et des génies qui le protègent selon eux, on savait donc bien que trouver un gardien aurait été très difficile. Mais on aurait dû chercher, insister, et trouver quelqu'un. Même si Julien n'était parti que cinq jours le vol aurait eu lieu puisque la moto a disparu quelques jours après son départ. Tout était calculé, prémédité, un vol sacrément bien orchestré !Sacré leçon en tous cas !  

 

            Bref, n'ayant pas suffisamment de moyens financiers pour reprendre la route vers une autre contrée, et n'ayant aucune envie d'opter dès maintenant pour un retour vers la France, on avait envisagé de s'installer au village voisin, Bamafélé. Nécessité de rebondir, et vite, pour faire ce qu'on aime faire ici, travailler avec les enfants, et pour sauver l'association et maintenir ses projets. On a organisé une réunion au village, dans l'idée d'annoncer notre départ. Tout le monde était convié, mais comme d'habitude seuls les anciens et les chefs de famille étaient là, tradition oblige. On a exposé le problème, et la solution que nous avions trouvé, et à notre grande surprise ils se sont tous formellement opposés à notre départ. A notre grande surprise parce que finalement beaucoup d'entres eux sont des inconnus encore pour nous, des gens qui paraissaient n'avoir aucune idée sur notre installation dans leur village, ne semblant porter aucun intérêt à notre présence ici et à notre travail. Ils nous ont tous dit que bien sûr ils ne pouvaient pas nous empêcher de partir étant donné ce qu'il s'était passé, mais qu'ils seraient très mécontents qu'on prenne cette décision là, pour le village, pour leurs enfants. Tous se sont accordés à dire qu'il n'y avait jamais eu de problème avec nous, que dès que nous entreprenions quelque chose nous le faisions bien, que les enfants avaient beaucoup progressé à l'école depuis notre arrivée, qu'un instituteur avait grimpé d'un échelon grâce à tout ça, bref nous devions rester là. Ils se sont engagés à tout mettre en œuvre pour que nous restions. Ils avaient déjà organisé une grande prière dans un des village sacré du Mali, Jakaba, situé dans la même région, et fait des offrandes et des sacrifices, pour menacer le voleur de maladie ou de mort s'il ne rendait pas nos affaires. Ce sont des croyances et des forces très puissantes pour eux, des usages très respectés et craints.

            Face à cette forte réaction, nous avons décidé de leur faire confiance, et de rester au village à quatre conditions : les villageois doivent nous aider à remettre le terrain en état, et à y couper toutes les grandes herbes ; ils doivent également nous aider à clôturer tout le terrain, puisque eux-même vivent dans des concessions fermées, nous devons sûrement faire de même pour éviter les allées et venues sur le terrain de personnes qui n'ont rien à y faire, ou qui viennent seulement nous prendre les mangues et les citrons qui  y poussent, voir même le bois qu'on a coupé! ; ensuite nous devons faire ensemble le toit de la case pour la bibliothèque, en paille, avec l'herbe coupée sur le terrain, abandonnant l'idée d'un toit en taule et d'une construction coûteuse, et optant pour l'idée d'une bibliothèque provisoire sur le terrain, pour en construire une plus solide à l'avenir aux abords de l'école, au village même ; et enfin, une fois le déblayage, et les clôtures faites, un gardien doit être désigné pour surveiller notre terrain tous les jours quand nous serons à l'école, à la bibliothèque, ou en animation avec les enfants.

            Nous nous sommes mis d'accord ensemble pour poser ces conditions. Le chef du village a ensuite prit les choses en main, et posé des rendez-vous réguliers sur notre terrain pour désherber. Au départ les villageois ne venaient pas très nombreux, et pas systématiquement, mais nous avons ensuite réussi à réunir les deux "clans" du village, celui du chef Lamine, et celui de l'ancien Bengali, et les hommes sont venus travailler une matinée entière pour dégager entiérement le terrain. Les enfants sont aussi venus plusieur fois nous prêter main forte.Depuis plus rien ou presque, on commence à tourner en rond.  Mais bon, ça avance, doucement, doni doni comme ils disent ici, et on espère qu'ils s'attaquent bientot à la toiture de la bibliothèque.

 

 

DSCN6867

 

 

DSCN6877

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

P1080546

 

P1080545

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DSCN6876

 

 

            On garde la bonne paille pour le futur toit de la bibliothèque et on brûle le reste...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

P1080544

 

 

 

DSCN6869

 

 

 

            Les enfants qui nous aident sur le terrain.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DSCN6874

 

 

P1080549

                                                                   Antoine qui s'attaque aux barrières du terrain.

 

 

           En attendant, on s'était installé derrière l'école, à l'ombre d'un gros arbre, et on avait décidé qu'on ne retournerai pas au terrain avant qu'il ne soit dégagé. C'est maintenant chose faite, donc on s'y est réinstallé depuis peu. Mais il faut encore faire la toiture, les clotures, trouver un gardien, et plus rien n'avance, on commence à perdre patience, la rentrée des classes a eu lieu il y a plus d'un mois maintenant, et nous n'avons toujours pas repris nos activités avec les enfants. On ne sait même pas si on pourra refaire le cinéma, le groupe ayant été volé. On en a un autre mais qui est moins puissant, et ce n'est pas sûr qu'il assume tout le matériel nécessaire au cinéma.

 

DSCN6859

 

 

P1080487

 

DSCN6813

 

P1080498

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

P1080510

 

 

 

 

            Quand on ne travaille pas sur le terrain, on vaque à nos occupations, Léa dessine, je travaille le cuir, Julien travaille le bois, on va chercher l'eau, etc.

 

 

 

 

 

P1080512

 

 

 

P1080534

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

P1080504

 

 

DSCN6821

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

P1080528

                                                              Les enfants passent toujours nous voir régulièrement...

 

 

 

P1080524

P1080532

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                          Nos chiens sont en pleine forme!!

 

 

 

 

 

 

            Projets bibliothèque.

 

            En parallèle à tout ça on a quand même décidé de monter un autre projet bibliothèque au village voisin, à 4 kilomètres, Bamafélé. Quand on a parlé de peut être s'y installer, on a rencontré le chef du village et les anciens, qui nous ont tout de suite proposé un bâtiment en dur, un grand hangar en face de l'école, pour y faire la bibliothèque. C'est un bâtiment qui a été construit à l'initiative et par les villageois. Ils ont fait appel à des partenaires locaux pour monter ce projet de développement du village, et pour faire cette bâtisse qui comporte trois grande pièces : une pour le jardin d'enfants, une autre pour une classe de remise à niveau pour des enfants qui reprennent l'école en cour de route, et une dernière qui n'avait pas encore d'avenir définie et qui nous a donc été confié pour la bibliothèque. Les travaux ont été interrompus faute de moyens financiers, mais il ne nous reste plus qu'à combler quelques trous dans les murs, et poser une porte et trois fenêtres. Il nous ont également laissé un bout de terrain tout autour de cette partie du bâtiment, pour nous y installer quand nous interviendrons là bas. Cette parcelle a été dégagé par le Comité de Gestion Scolaire, deux jours après notre passage ! Nous avions également commandé des bambous et des pieux pour faire une clôture, tout ça nous a été livré en quelques jours. Ils n'attendent plus que nous maintenant pour nous aider à faire les clôtures et aménager l'endroit. Ils sont très motivés, et ça remonte le moral !

 


DSCN6835

                                 Le bâtiement dans lequel  sera installée la biliothèque de l'association à Bamafélé.

 


DSCN6841


DSCN6836

 

DSCN6837

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DSCN6840

                         Julien délimite le terrain autour de la bibliothèque, avec un adjoint du maire de la commune.

 

           Si tout va bien (ce qui n'est jamais sur!) nous aurons donc d'ici un à deux mois une bibliothèque à Bingassi et une autre à Bamafélé. Nous partagerons notre temps entre des horaires d'ouverture de la bibliothèque de Bingassi, d'autre pour celle de Bamafélé, sans oublier les temps d'animation avec les enfants de Bingassi, comme l'an dernier. Ce dernier point devrait se remettre en place d'ici peu de temps, dès que le terrain sera de nouveau habilité à recevoir des enfants sans danger (broussailles et bestioles en tout genre).

 


 

            Bilan final.

 

            Nous espérons avoir fait le bon choix, et que ces deux projets se réalisent et perdurent. Nous vous ferons part de nos actions sur place un peu plus précisément dans le prochain article, dès que tout sera mis en place. En attendant nous essayons de rester patients et optimistes. Une autre réunion est prévue pour demain soir avec les anciens du village, pour remettre les choses au clair, d'un côté remercier ceux qui sont venus nous aider spontanément, et essayer de comprendre pourquoi la plupart d'entre eux ont mis si longtemps à répondre à nos appels, malgré tout leur blabla des réunions précédentes. Inch allah comme on dit ici, on aura des réponses et peut-être une nouvelle mobilisation des villageois prochainement, le tout c'est d'être patients et de tout faire pour se comprendre les uns les autres ! En attendant le crieur fait son boulot,on l'entend en ce moment même prévenir pour la réunion des toubabous demain soir, sini oulala !

 

            Au passage, merci beaucoup à tous ceux qui ont renouvelé leurs adhésions, ce soutien nous sera utile! Merci d'avance aussi pour les commentaires.... !

Retour à l'accueil